Congrès de l'IDRRIM : Allocution d'ouverture de Daniel Bursaux

Événements IDRRIM

Daniel Bursaux, Directeur général des infrastructures, des transports et de la mer (MEDDE), s'exprimait le 7 octobre dernier en ouverture de la session inaugurale du Congrès de l'IDRRIM : "Innover pour construire les infrastructures de demain".

"Votre communauté est un exemple des résultats et avancées qui peuvent découler d'un réel travail partenarial"


Monsieur le Président de l'IDRRIM, Yves Krattinger,

Monsieur le Directeur Général du CEREMA, Bernard Larrouturou,

Monsieur le Président de l'URSIF, Jacques Tavernier,

Monsieur le Président du Comité infrastructures du Syntec Ingénierie, Rémi Cunin,

Chers amis,

Tout d'abord je voudrais excuser M. Alain Vidalies, Secrétaire d'Etat chargé des transports, qui est retenu par la discussion du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte à l'Assemblée Nationale. Il m'a demandé de le représenter, ce que je fais avec plaisir.

Je suis heureux d'être parmi vous car votre communauté est un exemple des résultats et avancées qui peuvent découler d'un réel travail partenarial. D'ailleurs cette capacité à travailler en partenariat est pratiquement votre marque de fabrique, tout le monde le reconnaît.

Le développement de l'IDRRIM sous l'impulsion de son président, Yves Krattinger, et de son directeur général, Marc Tassone, en est une preuve évidente, aussi je souhaite que ce Congrès rencontre l'audience et le succès qu'il mérite.

L'autre force de votre communauté est de placer l'innovation au cœur de votre action et c'est ce thème qui nous réunit cet après-midi.

Vous allez au cours de vos échanges explorer tous les gisements d'innovation existant dans vos domaines respectifs, tirer des enseignements des pratiques de quelques uns de nos voisins européens et enfin susciter de nouvelles idées et propositions pour favoriser l'innovation.

Le ministre sera bien évidemment attentif à ces propositions.

"La route doit trouver sa place dans la politique de transition énergétique"


Mais aujourd'hui, c'est de l'innovation pour les systèmes routiers, dans le contexte de la transition énergétique, dont je souhaite vous parler.

C'est un objectif gouvernemental majeur pour répondre aux enjeux économiques et d'emploi de ces prochaines années.

Le projet de loi, dans son volet "transports propres" énonce comme principe le développement de moyens de transport à faible émissions de gaz à effet de serre et de polluants.

Ce projet de loi énonce plus généralement le principe de l'économie circulaire, qui trouve naturellement un vaste champ d'application dans les infrastructures routières.

Ainsi la route doit trouver sa place dans la politique de transition énergétique :

  • En valorisant la recherche et en élargissant le champ de l'innovation routière ;
  • En répondant aux nouveaux usages de la route en adéquation avec les attentes sociales : une route connectée, une route partagée, une route raisonnée ;

Et aussi - c'est important - pour redonner de la route une image positive auprès du grand public et pour attirer les ingénieurs et techniciens.

La transition énergétique c'est donc l'occasion de mobiliser l'innovation. De nombreux gisements existent :

> Certains sont déjà bien explorés comme :

  • L'utilisation de techniques et matériaux économes en énergies ;
  • Le recyclage des matériaux ;

> D'autres méritent des impulsions nouvelles et fortes :

  • La capacité de stockage et de restitution d'énergie thermique des chaussées, véritable piste d'avenir ;
  • La recharge électrique des véhicules par induction.
  • L'efficacité énergétique des équipements de la route. 

Les équipements de la route sont par ailleurs essentiels pour la sécurité de l'infrastructure et pour l'image de la route. Dans les prochaines années, la révision des normes européennes dont ils relèvent, pour prendre en compte des critères de développement durable, donneront très certainement matière à innovation.

Pour cela, des cadres d'orientation et de soutien à la recherche et l'innovation sont aujourd'hui en place et sont l'objet de financements confirmés de l'Europe et de la France :

Le 7ème programme cadre de recherche et de développement (PCRD) a donné naissance à un programme spécifique aux infrastructures, INFRAVATION, subventionné pour 9 M€ par l'Europe et auquel la DGITM apporte une contribution de 0,6M€ ;

Le programme H2020 succède au 7ème PCRD ; il a comme intérêt principal de se déplacer en aval, de la recherche incitative vers la chaîne recherche-innovation-développement.

79 milliards d'euros sont annoncés par l'Union Européenne sur la période 2014-2020.

Toutefois les infrastructures ne constituent qu'une part des appels à projets qui portent aussi sur les véhicules, les systèmes communicants et les gestions de flux.

C'est dire l'intérêt que je vois à une structuration de la filière d'innovation des Travaux Publics, vis-à-vis du programme H2020 mais aussi d'opportunités du plan d'investissement d'avenir (PIA).

Une démarche de "démonstrateurs-phares" pourrait ainsi être attractive pour susciter des financements du PIA, tout en rehaussant la visibilité des Travaux Publics par rapport aux autres filières industrielles dans le domaine des transports, telles que les véhicules et les communications.

Sur une échelle de temps plus immédiate, des actions ont abouti :

Mes services auront l'occasion de présenter au cours de ce Congrès la rénovation du comité d'innovation routes et rues (CIRR), qui doit mieux répondre aux besoins des entreprises qui souhaitent tester les innovations en conditions réelles, en adéquation avec les besoins des gestionnaires, et cela dans un intérêt partagé de performance.

Complémentairement, le précédent Secrétaire d'Etat avait confié à l'IDRRIM une réflexion sur les conditions de mise en place d'un système assurantiel de l'innovation. Cette réflexion a bien progressé et je vous confirme ici tout l'intérêt que le ministre portera aux propositions qui seront faites.

"Un potentiel générateur de croissance énorme repose sur le système routier"


L'IFSTTAR, avec son projet de stratégie scientifique a su s'inscrire dans la réponse aux grands défis sociétaux ; nous lui devons d'avoir inventé la Route de 5ème Génération, comme image et cadre structurant . Je salue ici la présence de Vincent Motyka, directeur général adjoint représentant Hélène Jacquot-Guimbal.

Le Cerema, à son tour, va s'engager dans une réflexion stratégique. Les infrastructures constituent son socle de compétences historiques. Ses équipes de recherche associées, ses équipements scientifiques et techniques, ses centres spécialisés, constituent des ressources au service de l'innovation. Son statut d'établissement public lui ouvre des champs de partenariats novateurs. Je souhaite bien évidemment que les infrastructures routières conservent toute leur place dans le projet du CEREMA, dont je salue au passage le Directeur Général, Bernard Larrouturou.

Le Cerema, comme l'IFSTTAR, sont des leviers importants aux côtés de la DGITM pour soutenir l'innovation ; celle-ci maintiendra les bons niveaux d'arbitrage dans la programmation annuelle de ces établissements pour apporter ce soutien.

Mesdames, messieurs, vous avez choisi comme fil directeur de ce congrès de placer "l'usager au cœur des réseaux d'infrastructures durables et innovantes".

Ce choix est pertinent car au final c'est à l'usager que sont destinées nos infrastructures et c'est de l'expression des usagers citoyens que naît la légitimité de mener des politiques publiques.

La transition énergétique, c'est tout d'abord la croissance verte.

On estime aujourd'hui que le système routier peut réduire de 15 à 25% les émissions de CO2 à l'horizon de 2020. Or le système routier continuera d'assurer inéluctablement une part prépondérante des déplacements quel que soit le succès des reports modaux. C'est donc bien un potentiel générateur de croissance énorme qui repose sur le système routier.

La transition énergétique, c'est aussi améliorer le cadre de vie et la mobilité de nos concitoyens. Le programme de ce Congrès démontre la palette des actions concrètes et d'ores et déjà visibles et conjuguées, des gestionnaires, des ingénieurs et des industriels.

Aussi, je suis confiant sur notre capacité de nous organiser, État, collectivités, ingénierie, entreprises, pour atteindre l'objectif d'équiper notre pays d'infrastructures durables et innovantes.

Je sais que l'IDRRIM continuera de jouer un rôle éminent dans le rapprochement des acteurs et le rayonnement de votre communauté.

Je vous souhaite un très bon Congrès et vous adresse mes plus chaleureux encouragements.

Crédits Photos : IDRRIM