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Le
secteur des transports reste en effet le plus émetteur de gaz à effet de serre
en France (30% des émissions totales), et la baisse n'a pas vraiment été
engagée. Ces émissions proviennent en très grande majorité des véhicules
routiers, même si l'électrification du parc de véhicules légers a été amorcée
et que l'équipement en bornes progresse, avec plus de 85 000 installations en
France au 1er février 2023. Dans le cadre des travaux de planification
écologique, il s'agit maintenant de consolider la trajectoire
d'électrification, en veillant à couvrir tous les territoires et à apporter des
solutions pour les poids lourds, comme cela a été esquissé dans le cadre des travaux
menés en application de l'article 301 de la loi climat et résilience.
Si la décarbonation des modes routiers est essentielle, la poursuite de la
politique de report modal vers le fer, les transports guidés, le fluvial ou les
modes actifs ne l'est pas moins, vecteur de décarbonation, d'économie d'énergie
et d'espace. En particulier, le premier plan vélo a permis une augmentation de
40% du linéaire d’infrastructures cyclables entre 2017 et 2022. Le nouveau plan
est doté de 250 millions d’euros pour l’année 2023 : 200 millions d’euros
seront dédiés aux infrastructures et 50 millions d’euros pour le stationnement.
Il faut aussi préciser les règles de l'art permettant de développer les
aménagements cyclables en interurbain, de concevoir les carrefours, les passerelles,
d'assurer la viabilité hivernale de pistes cyclables.
L'augmentation des taux d'occupation des véhicules routiers, que ce soit par le
covoiturage, ou par le développement des transports en commun, est un objectif
prioritaire, accessible sans investissements majeurs. L'infrastructure a
cependant son rôle à y jouer, par le développement de voies réservées, mais
aussi l'organisation des points de connexion (aires de covoiturage, arrêts de
transport en commun, gares routières...). Là aussi les règles de l'art doivent
être stabilisées.
La part de la construction et de l'entretien des infrastructures de mobilité
dans les émissions est certes plus modeste mais doit également être réduite
pour contribuer à l'effort. Toujours dans le cadre de l'article 301, des
leviers ont été recensés : recyclage, matériaux bas carbone, optimisation de
l'organisation des chantiers, optimisation de la conception... Il convient
maintenant de les mettre en oeuvre, et l'IDRRIM aura un rôle essentiel pour
cela. Il va falloir accorder entreprises et maîtres d'ouvrages sur une
trajectoire de décarbonation des chaussées, mais aussi lancer le chantier de la
décarbonation des ouvrages d’art : le béton est un matériau très émissif, des
solutions existent (dans la formulation du matériau, dans les règles de
conception) mais doivent être articulées et planifiées.
Surtout, nos infrastructures sont aussi victimes du changement climatique. Pour
s'en prémunir, la première étape est de conduire des études de vulnérabilité de
nos réseaux. Nous allons nous y atteler pour le réseau routier national en
2023. Il faudra aussi revoir certaines règles de l'art. L'IDRRIM a déjà lancé
la révision du guide technique de l'assainissement routier avec cette
perspective.
Enfin, les enjeux environnementaux ne se réduisent pas au climat, il convient
aussi de progresser en matière de biodiversité, de lutte contre le bruit, de
réduction des aérosols (nocifs pour la santé), de pollutions des eaux par les
micro-particules ou les composés chimiques ou d'économies des ressources
naturelles, telle que le sable. Si ces enjeux sont mieux pris en compte dans
les projets d'infrastructures neuves, il y a encore beaucoup à faire pour
mettre à niveau les infrastructures existantes.
Je sais pouvoir compter sur les membres de l'IDRRIM pour relever ces défis ! Thierry
Coquil Directeur Général des infrastructures, des transports et des mobilités
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