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Alors comment faire ? Il faut continuer à déployer des politiques cyclables avec
toutes les parties prenantes, dans la durée et sur tous les territoires pour
lever les freins physiques et psychologiques. Au niveau national, c’est le plan
vélo et marche 2023-2027 annoncé en septembre 2022 par la Première ministre et
concrétisé par un premier comité interministériel le 5 mai, qui a annoncé une
série de mesures à hauteur de 2 milliards d’euros. La clé de voute des politiques cyclables est le
développement d’itinéraires continus et sécurisés. Les chiffres de la sécurité
routière, avec une augmentation des cyclistes décédés de 40 %, entre 2017
et 2022, principalement hors agglomération, rappellent la nécessité de
poursuivre cette stratégie. Avec la réduction des vitesses et du trafic
automobile, les aménagements séparatifs (pistes cyclables et voies vertes) protègent
les cyclistes en même temps qu’ils en attirent de nouveaux. L’objectif de
l’État est de passer de 57 000 km d’aménagements cyclables en 2022 à
75 000 en 2027 puis 100 000 en 2030. 1,5 milliard d’euros de subventions
y seront dédiés. Le péri-urbain, les villes moyennes ou les territoires
ruraux restent encore largement des territoires de conquête pour le vélo. Mais
des territoires comme les agglomérations de Chambéry, de l’île de Noirmoutier
ou de La Rochelle montrent le chemin. Elles ont toutes un linéaire de voiries
cyclables supérieur à 10% du réseau routier (3% pour la moyenne nationale), une
part de déplacements domicile-travail à vélo supérieur à 6% (3% pour la moyenne
nationale) et ont une ville-centre notée C ou B au baromètre des villes
cyclables de la FUB (Fédération française des Usagers de la Bicyclette). C’est
également l’objet du premier appel à territoires cyclables lancé par le
ministère des Transports qui vise à accompagner dans la durée quelques territoires
peu ou moyennement denses pour accélérer la réalisation des itinéraires
structurants prévus à leur schéma directeur cyclable et devenir ainsi des
territoires d’exemple. Le développement du vélo est également une opportunité pour
développer une filière économique pourvoyeuse d’emplois et de valeur ajoutée,
qui regroupe les acteurs de l’industrie, des services, du tourisme, des
aménagements, des territoires, … C’est l’objet de la structuration en cours de
France vélo – filière économique, qui signera avec l’État un contrat de filière
dans les prochains mois, après avoir tenu ses États généraux en novembre 2022. La marche enfin nécessite une attention renouvelée de la
part des différents échelons territoriaux. Bien que ce mode de déplacement reste
important (23% de part modale et 80% pour les déplacements de moins de 1km), des
territoires et des quartiers sont peu favorables à la marche parce que les
aménagements ne sont pas aux rendez-vous (faible qualité, effet de coupure,
absence de banc, …) ou que les lieux de destination sont trop éloignés. C’est
l’objet du programme ID-Marche lancé par le ministère des Transports, le Cerema
et l’Ademe que d’accompagner les collectivités locales de toute taille à
structurer une politique piéton et ne pas laisser ce sujet aux interstices des
autres priorités. Avec tous les cobénéfices du vélo et de la marche sur la
santé, les pollutions locales, le pouvoir d’achat, la revitalisation des villes,
le bruit, l’emploi, la transition énergétique, l’économie circulaire, comment
ne pas penser que les mobilités actives sont un bout de la solution. Et quand
on voit les résultats de ces dernières années et l’envie montante des français,
comment ne pas croire à l’avenir du vélo. Mais rien ne se fera sans une
mobilisation dans la durée des élus et pouvoirs publics à toutes les échelles,
des associations d’usagers, des acteurs de l’aménagement et de la route, des
professionnels du vélo et du tourisme, mais aussi des acteurs de la santé ou de
l’éducation, des employeurs et bien d’autres, pour mettre le vélo et la marche
dans notre quotidien. Thierry DU CREST, Coordonnateur interministériel pour le
développement du vélo et de la marche.
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