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Congrès de l'IDRRIM : Discours d'Yves KRATTINGER
Yves Krattinger, Président du Conseil général de la Haute-Saône et Président de l'IDRRIM, tenait à s'exprimer, le mercredi 8 octobre dans le cadre du Congrès de l'IDRRIM, sur l'avenir des infrastructures de mobilité du pays, les défis à relever et les nécessaires réformes à mener.
"Mesdames, Messieurs, Cher(e)s congressistes,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de votre présence et vous dire combien je suis heureux de m'adresser à vous aujourd'hui, en plein cœur de notre deuxième congrès.
Il y a quelques instants, j'ai parcouru le salon qui accompagne le congrès. Il y a beaucoup de monde, la convivialité règne et les échanges sont fructueux. En même temps, j'ai eu entendu les questions qui sont évoquées et, de ce fait, je serai obligé d'ajouter un petit mot à mon propos, pour essayer d'y répondre.
Cette affluence dans les salles de conférences et dans les allées du salon Interoute&Ville m'apporte deux motifs de satisfaction.
Le premier, c'est de voir que le travail réalisé pour tenir ces deux manifestations, congrès et salon, n'aura pas été vain. C'est une année difficile, nous le savons tous. Et en même temps, les gens sont là, les partenaires sont là : entreprises, collectivités, services de l'Etat. Tous sont contents de se retrouver et d'aborder toutes les questions de fond qui préoccupent chacune et chacun d'entre nous.
Le deuxième motif de satisfaction, c'est que l'IDRRIM correspond bien, comme nous l'avions imaginé au départ, à une attente de la communauté des acteurs des infrastructures de transport.
Vous êtes présents ici pour participer aux conférences mais aussi parcourir les stands du salon. Vous êtes ici parce que vous vous posez un certain nombre de questions et espérez y trouver des réponses. Vous êtes ici pour échanger avec d'autres collègues mais aussi, pour échanger avec des personnes venues d'autres territoires, d'autres métiers. L'IDRRIM constitue cet espace d'échanges, le salon aussi, et ils matérialisent, tous les deux ans, l'établissement de ces rapports nouveaux.
Je voudrais remercier à cette occasion tous les intervenants. Ils ont pris beaucoup de leur temps pour vous proposer des conférences de haut niveau, en réponse je l'espère à vos attentes. Je remercie les sept présidents de sessions qui ont eu, ou auront, l'honneur de conduire les débats et les échanges autour des présentations. Je remercie les modérateurs qui en ont assuré la préparation et l'organisation. Je veux aussi remercier devant vous l'équipe de l'IDRRIM : Laurianne Rossi, directrice déléguée réseaux, communication et développement, particulièrement impliquée dans la réussite de ce congrès, Philippe Tamagny, chargé de la coordination des sessions, et Marc Tassone, directeur général pour le pilotage de l'ensemble et son implication.
J'associe bien sûr à ces remerciements, Stéphane Marimoutou, en alternance à l'IDRRIM depuis juillet, et Lucille Lahaye de l'USIRF, qui ont aidé à la bonne réalisation de cette manifestation. Je ne dois pas oublier également les équipes de Comexposium, organisateur du salon, en charge de la logistique de ce congrès.
Cinq ans déjà !
Dans quelques semaines, l'IDRRIM aura cinq ans. Depuis sa création, le nombre des membres institutionnels est passé de 25 à 50. Et, depuis mars 2013, les adhérents à titre individuel ayant rejoint l'Institut sont au nombre de 43, dont 26 collectivités, majoritairement des départements. Sans les incertitudes actuelles pesant sur certaines compétences départementales, ils seraient beaucoup plus nombreux.
La "famille" s'agrandit grâce à l'énergie et la mobilisation de tous, et nous avons mis en place depuis un an, un réseau d'ambassadeurs dont la mission principale est de « parler » de l'IDRRIM sur le terrain pour faire connaitre ses travaux. Je profite de l'occasion pour dire que l'IDRRIM assure aussi une large communication sur les travaux de ses membres, en particulier sur ceux du Cerema et de l'IFSTTAR, partenaires fondateurs sans lesquels il n'y aurait pas d'IDRRIM.
Cet objectif de diffusion des connaissances est un objectif partagé.
Nous avons estimé le nombre de personnes plus ou moins directement concernées par nos actions, à environ 300 000, entre secteur public et secteur privé. Il est important pour nous de disposer de relais dans chaque territoire et dans chaque métier, comme cela se met en place ! Mais le nombre de ces relais est encore insuffisant et nous devons développer ce réseau pour continuer à progresser. J'exprime à ces ambassadeurs, qui viennent des FRTP, des SPRIR et des syndicats d'ingénierie d'une part, des conseils généraux et des communes d'autre part, ma profonde gratitude pour cette action essentielle au bénéfice de tous.
Je voudrais maintenant revenir sur quelques faits marquants qui ont ponctué la vie de l'Institut cette dernière année, et évoquer ensuite avec vous, deux sujets dont l'enjeu me semble au moins important, sinon capital.
Premier fait marquant : je remettrai, cet après-midi vers 17h30, avec Mme Steinfelder, membre de la haute autorité environnementale, présidente de notre jury, les prix du concours "Infrastructures pour la Mobilité et Biodiversité". L'édition 2014 a donné lieu au dépôt de 29 dossiers, un record, dont 23 ont été jugés recevables. Six autres, pourtant très intéressants, ont été écartés, non pas pour des raisons de contenu mais parce qu'ils relevaient davantage du développement durable que de la biodiversité.
Ce succès confirmé du prix IMB démontre que l'IDRRIM écrit peu à peu son histoire en s'ancrant dans le paysage à la fois institutionnel et médiatique des infrastructures. Et cela correspond aux sollicitations recueillies sur le sujet. Sans dévoiler ce que vous découvrirez ce soir, j'ai été très agréablement impressionné par la diversité et la qualité de ce que vous faites dans ce domaine, notamment les départements.
Un autre fait marquant aura été la remise aux ministres de nos propositions sur les dispositifs de soutien à l'innovation dans les infrastructures de transport en France.
Il apparaît essentiel à cette occasion de mettre en avant le fait qu'une communauté d'acteurs représentant les intérêts publics et privés, c'est-à-dire l'intérêt général, puisse grâce à l'institut qui les fédère, apporter des éléments consensuels aux instances gouvernantes pour traiter ou faire avancer des dossiers à fort enjeu pour le pays, et l'innovation en est un. C'est la force de l'IDRRIM, qui s'inscrit donc dans cette voie et prend ainsi ses responsabilités pour alerter les pouvoirs publics lorsque l'intérêt général est en cause.
Avant d'aborder le sujet du soutien à l'innovation je voudrais vous donner un exemple représentatif de ce rôle.
"Multiplier par trois, dans les trois ans qui viennent, le nombre de chantiers expérimentaux innovants"
Nous sommes en ce moment alertés sur le problème de la disparition progressive et insidieuse de l'enseignement du génie civil en France. Disparition de l'enseignement veut dire appauvrissement de la ressource et donc de la compétence, c'est une conséquence, alors que les besoins d'entretien des ponts, par exemple, vont exploser dans les vingt prochaines années. L'IDRRIM réfléchit, au sein du comité génie civil, à la meilleure solution pour orienter les décisions futures dans une direction plus avantageuse pour notre pays.
Revenons au rapport remis aux ministres en octobre 2013. Nous avions organisé à cette occasion une conférence et j'avais insisté sur deux points essentiels.
Le premier, et je sais que vous le partagez : un pays qui n'innove plus est un pays en déclin. C'est une leçon de l'histoire de l'Humanité. Sa capacité à produire et à vendre sur le marché international s'éteint petit à petit : c'est la mort à petit feu ! Pourquoi ? Parce qu'avec l'obsolescence des techniques qui vieillissent et qui ne sont pas renouvelées, celles-ci ne correspondent plus aux attentes du marché. L'avenir d'une nation dépend évidemment de sa capacité à innover !
Deuxièmement, l'expérimentation des innovations doit se faire préférentiellement en France, apportant ainsi la valeur ajoutée de l'innovation sur le sol de notre pays. Il y a trop d'innovations qui se font ailleurs parce que le contexte est plus facile ! Aujourd'hui, parce que les conditions sont plus simples à l'étranger, nos entreprises, leaders mondiaux, vont expérimenter le plus souvent en dehors de nos frontières. Aussi nous devons mettre en place les conditions pour que le plus grand nombre d'expérimentations se réalisent ici.
La session inaugurale du congrès, hier après-midi, a été consacrée à ce sujet très important. Marc Tassone, directeur de l'IDRRIM, a présenté les nombreuses actions menées suite à ce rapport, certaines ayant justifié la création de plusieurs groupes de travail.
A la suite de cette table ronde, à laquelle j'ai eu l'honneur de participer, je vous propose que l'on se fixe ensemble, sans attendre, un objectif concret, collectivement, et que l'on essaie ensuite de le décliner. L'ambition pourrait être de multiplier par trois, dans les trois ans qui viennent, le nombre de chantiers expérimentaux "innovants" exécutés chaque année en France, tous maîtres d'ouvrages confondus !
Que l'on ait tous ce souci : aussi bien du côté des associations de collectivités, des agglomérations, des départements, des régions, des communes, que du côté des services de l'Etat, avec les entreprises bien sûr. Nous avons trois ans pour accomplir cet objectif.
Je veux insister sur la nécessaire solidarité qui permettra d'atteindre cet objectif, issu de la richesse de l'ensemble de l'action menée depuis maintenant deux ans, car, nous le savons tous, et c'est plus vrai aujourd'hui qu'il y a 20 ou 30 ans, dans ce domaine, il n'est pas possible d'avancer tout seul. Il faut évidemment prendre en considération, en permanence, les contraintes des collectivités et les attentes des partenaires qu'ils soient privés ou publics. En tout cas, ce n'est que tous ensemble que l'on pourra progresser dans ce domaine.
Sur ce champ des infrastructures de transport où la maîtrise d'ouvrage est majoritairement publique, les entreprises ont besoin d'innover pour survivre, d'abord sur notre territoire et, pour les plus solides, à l'international. Elles ne pourront le faire sans le concours des maîtres d'ouvrages qui leur ouvrent leurs chantiers, bien sûr de façon adaptée pour limiter les difficultés, mais qui prennent le risque de le faire. Un risque qu'il faut arriver à circonscrire.
Ceci permettra d'expérimenter les technologies nouvelles, des techniques nouvelles, des produits nouveaux, sources de progrès aujourd'hui et sources de références, de marchés et d'emplois pour demain.
L'ensemble prestigieux des produits, procédés ou concepts innovants constitue cette "vitrine" que tout le monde regarde et convoite avec envie lorsqu'elle répond aux attentes, réelles ou imaginées. Cette vitrine doit cependant permettre de mettre également en valeur le reste du catalogue. Nous devons faire en sorte que les gens aient envie d'ouvrir le catalogue. Je veux dire combien c'est important pour nous d'avancer sur cette thématique.
C'est le rôle de l'IDRRIM de savoir rester à l'écoute des demandes et des attentes, de ses membres, et je vais prendre quelques exemples pour illustrer mon propos.
La crise que l'Europe et notre pays traversent, depuis maintenant six années, impacte les donneurs d'ordre publics et privés de façon spectaculaire. C'est un spectacle qui n'est pas très enthousiasmant. Les budgets sont partout dans une tendance baissière et l'on ne voit pas aujourd'hui de rupture capable à court terme de changer ou d'inverser cette tendance. Mais j'en dirai quand même un mot tout à l'heure. La situation des finances de l'Etat est bien sûr inquiétante, et celle des collectivités, bien qu'assez bonne, est tellement dépendante des dotations de l'Etat...
Ce constat se traduit par une commande publique en diminution constante depuis plusieurs années, et bien entendu cela impacte l'activité des entreprises dont on sait qu'elles dépendent de cette commande publique pour certaines jusqu'à deux tiers de leur activité.
La perte d'emplois non qualifiés, et bientôt d'emplois qualifiés, commence à être significative, alors que les besoins d'entretien de nos patrimoines d'infrastructures, routières ou ferrées, de nos ouvrages d'art, ponts et murs, sont en constante augmentation. Nous avons donc d'un côté des besoins qui augmentent et de l'autre côté des moyens qui déclinent. Et, nous le savons, quand on n'assure pas l'entretien des ouvrages ou des voies, le coût pour les remettre en ordre croît de manière exponentielle.
Nous devons donc regarder la situation telle qu'elle est et poser les vraies équations. C'est ce qu'a fait remarquablement le groupe GEPUR, créé dans l'Est de la France, région toujours à la pointe, grâce au travail de la CoTITA Est, de l'USIRF et de ses représentants locaux et de l'IDRRIM. Un livre blanc a été écrit à destination des décideurs, il pose les vraies questions et apporte des éléments de réponse pragmatiques, argumentés, précis, susceptibles d'aider à la prise de décision. Vous pouvez vous procurer ce livre blanc aujourd'hui en sortant de cette salle, ou encore aux stands de l'IDRRIM, de l'USIRF et du Cerema.
Cette contribution sera complétée l'année prochaine par deux guides à l'attention des services départementaux ou communaux, dans lesquels ils trouveront des méthodes, des outils et des techniques pour répondre au défi posé par les contraintes financières et la nécessité impérieuse de préserver les patrimoines.
L'IDRRIM soutient ici une initiative locale exemplaire, pilotée par la direction territoriale Est du Cerema, ex CETE de l'Est, avec la participation d'acteurs publics et privés locaux, et qui sera ensuite inscrite dans les travaux du comité opérationnel méthodologie au niveau national.
"La montée en puissance de l'IDRRIM depuis maintenant cinq ans démontre qu'il y avait une attente"
Je veux mettre en valeur maintenant non pas une étude, un guide, fût-il important, mais l'ensemble des prestations auxquelles vos représentants participent en donnant de leur temps, de leur énergie pour la réussite collective.
Vous savez que ces prestations complètent efficacement l'ensemble des productions du réseau scientifique et technique de l'Etat, avec maintenant un acteur majeur nouveau dans le paysage, le Cerema. Je salue d'ailleurs son directeur général, Bernard Larrouturou, présent dans la salle. Mais c'est aussi l'IFSTTAR, dont je salue la directrice générale Hélène Jacquot-Guimbal, soutien permanent de l'IDRRIM,œuvrant sans relâche pour faire avancer des idées toujours pertinentes, et qui porte le projet de route de 5ème génération, sans oublier bien sûr le CETU pour nos tunnels.
L'IDRRIM s'inscrit depuis sa création dans un travail partenarial avec ces éminents partenaires et apporte la complémentarité de ses 50 membres dans l'ensemble des publications qu'il produit, avec eux. Consacrons notre énergie à faire grandir nos partenariats et unissons nos forces : c'est là le chemin qui nous permettra de progresser !
Il suffit pour s'en convaincre de regarder le catalogue des productions à paraître de l'IDRRIM avec 8 guides techniques en cours de sortie, 4 notes d'information, plusieurs avis techniques avec un nouveau groupe spécialisé sur les matériels de laboratoire. De regarder les campagnes d'essais croisés, les audits de laboratoires, une page web interactive et une plaquette dédiée aux démarches développement durable appliquées aux infrastructures, un guide sur l'AMO, un guide de bonnes pratiques pour l'analyse des variantes, et bien sûr, je ne peux pas tout citer. J'en suis navré pour ceux qui ne se retrouvent pas dans les quelques exemples que je viens de donner.
Le travail ne manque pas. Vous êtes également de plus en plus nombreux à vous adresser à l'IDRRIM par l'intermédiaire de sa boite mail, pour poser les questions qui vous interpellent.
Plusieurs centaines de questions sont relayées aux personnes ressources, en particulier le RST et les organisations professionnelles. Cet engouement montre d'une part que l'institut est considéré comme le lieu de partage où l'on peut poser des questions et avoir des réponses, le deuxième point étant évidemment crucial ! Ceux qui utilisent ce service savent bien que leur question ne restera pas sans suite, et qu'elle sera bien aiguillée pour apporter une réponse pertinente.
Le travail ne manque pas non plus sur le projet d'e-bibliothèque, que je souhaite porter avec la plus vive énergie pour qu'il aboutisse. C'est l'outil de diffusion dont la communauté d'acteurs a besoin :
- la publication dans des délais raisonnables après la commande est un impératif pour réussir
- de même, la diffusion la plus large possible auprès de la cible et, si possible, l'accompagnement par des formations ou journées techniques.
La création de l'e-bibliothèque doit permettre cette large diffusion. Je vous confirme qu'un comité de pilotage, présidé par Michel Labrousse, chef de la mission d'appui au réseau routier national, a été mis en place. Il a tenu sa première réunion il y a trois semaines en présence du Cerema, de l'Ifsttar, de la responsable ministérielle aux normes, du groupe études et marchés du Minefi, et de l'IDRRIM.
Le principe d'un portail documentaire en ligne avec un moteur de recherche performant travaillant sur plusieurs bases de données sélectionnées (dont la documentation technique routière française, DTRF), semble être la formule présentant les meilleurs espoirs.
Un utilisateur pourrait alors, en se positionnant sur ce portail, et en faisant une recherche avec des mots clés bien choisis, disposer de la liste des documents référencés, dont la provenance sera indiquée. A partir de cette liste de documents référencés existants, dont le périmètre sera celui des infrastructures de mobilité, il pourra se procurer le document en question de façon gratuite ou payante, suivant son statut personnel et suivant les règles de l'éditeur du document concerné.
Laurianne Rossi est responsable du projet pour l'IDRRIM et portera l'expression de vos besoins, que vous devez lui communiquer, dans le cadre du questionnement des utilisateurs que le comité de pilotage va lancer.
Dans ce projet nous devons être ambitieux et je souhaite que les partenaires, dont l'Etat, le Cerema avec la DTRF, présents au cœur du dossier, retiennent un objectif de mise en route, fût-elle progressive, dans l'année 2015, afin de répondre à un besoin fortement exprimé et qui s'avère aujourd'hui urgent.
L'ensemble des points que je viens d'évoquer et de commenter ont un dénominateur commun : ils sont complexes et nécessitent une somme de travail extrêmement importante de la part de chacune et de chacun d'entre vous. Mais aussi de la part de ceux qui au sein de l'IDRRIM ont la charge de piloter, organiser, programmer, anticiper l'ensemble de ces tâches, et parfois aussi de les produire.
Grâce au soutien de l'Etat, à travers la DGITM, et de l'appui sans faille de son directeur général, Daniel Bursaux, et au soutien également conséquent du secteur privé (FNTP, USIRF, GPB, SFIC, UNPG, Syntec Ingénierie et CINOV Infrastructures et Environnement), que je remercie infiniment, nous avons aujourd'hui deux personnes salariées de l'IDRRIM, Laurianne Rossi et Marc Tassone, avec l'appui d'une assistante à temps partiel sur les deux comités opérationnels Avis et COQC, et l'appui ponctuel d'un ingénieur de l'IFSTTAR. Ce n'est probablement pas à l'échelle des besoins en constante augmentation que vous exprimez fort légitimement.
Les structures identiques à l'IDRRIM hors de nos frontières, plus anciennes, sont structurées de façon plus professionnelle, et sont par conséquent moins fragiles. Ceci est certainement lié à leur ancienneté et leur évolution dans le temps qui a surement été progressive, mais je suis sûr qu'à un moment donné, des décisions ont été prises pour les stabiliser et les faire évoluer dans des conditions soutenables.
J'observe et je ne suis pas le seul, les conditions dans lesquelles travaille la petite équipe, et je ne suis pas sûr que la situation actuelle soit pérenne. L'enjeu est capital. Il faudra nous poser la question de la soutenabilité de la structure, et prendre les décisions adaptées, soit en contraignant, donc en bridant, l'évolution soit en l'accompagnant.
La montée en puissance de l'IDRRIM depuis maintenant cinq ans démontre qu'il y avait une attente. Elle a pour l'instant toujours été satisfaite et comme je vous l'ai indiqué, elle suscite de plus en plus de besoins de la part de chacune et chacun d'entre vous. Et c'était le but fixé. Mais si l'on n'accompagne pas cette évolution, le risque existe que les efforts engagés depuis cinq années s'avèrent finalement assez vains.
Le conseil stratégique de l'IDRRIM est saisi de cette question et portera le sujet pour y apporter une réponse. Pour ma part, en tant que président, je pense qu'il n'y a pas d'alternative et qu'il faut situer l'IDRRIM dans la durée, l'inscrire solidement dans le paysage des infrastructures aux côtés de ses partenaires du RST qui ont un rôle tout particulier et terriblement important dans la vie de l'Institut.
Bien sûr, je veux féliciter tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre ont permis de franchir cette première étape, d'en faire une réussite, et les invite à poursuivre leur action collective au bénéfice de l'intérêt général que porte l'IDRRIM.
"Nous devons envoyer un signal sur l'investissement"
L'IDRRIM étant un espace d'échanges, je dois aborder deux autres sujets qui animent un grand nombre des conversations dans les couloirs du salon et du congrès : la commande publique et les incertitudes institutionnelles qui créent beaucoup d'attentisme. Ces deux sujets sont en partie liés.
La commande publique s'effondre et cela produit une crise dans le secteur des travaux publics avec pour conséquence la suppression d'emplois. Il y a plusieurs raisons dont certaines sont difficiles à contourner.
Il y a eu les élections municipales en mars 2014 et l'arrivée d'un grand nombre de nouveaux élus. C'est un impact. S'il était le seul, ce serait classique, mais il n'est pas le seul.
Les baisses annoncées des dotations de l'Etat aux collectivités, amplifiées par rapport à ce qui était envisagé, génèrent une attitude de prudence, pour ne pas dire de privation. Il y a également une insécurité juridique, nous l'avons évoquée hier, par rapport à l'innovation qui, sur certains dossiers, est devenue permanente.
Et puis il y a les "inondations". Celles qui font l'actualité dans l'Hérault notamment, mais il y a aussi une "inondation" générale, qui couvre tous les territoires, tous les types de collectivités, mais aussi les entreprises : c'est l'inondation des lois, décrets, règlements, contraintes, normes... parfois à durée de vie réduite mais dont le coût est exorbitant et l'impact réel !
Les coûts qui anticipent la construction des infrastructures ont explosé : ils ont été multipliés par presque deux durant les quinze dernières années. Les coûts environnementaux ont explosé. Le coût des infrastructures a augmenté de 30 à 40%. Si l'on pouvait réaliser quelques études d'impact avant de publier des textes, on serait plus raisonnable...
Les PLUI dans les zones rurales sont-ils vraiment indispensables quand on en connaît le coût ? Faut-il faire un schéma des trames vertes et bleues dans mon département, la Haute-Saône ? 240 000 habitants, 6000 km² ; honnêtement pour l'avoir survolé quelquefois en hélicoptère, ce n'est pas la première question que je me pose ! Doit-on continuer à pondre les mêmes textes pour l'agglomération de Lyon que pour la Lozère ? Cela devient un vrai problème pour les élus qui souhaitent concrétiser leurs projets.
Et puis, il y a un élément nouveau : l'incertitude institutionnelle, qui fait que l'on ne connaît pas les dates et les règles des prochaines élections qui se dérouleront dans quelques mois, ni même les compétences que l'on exercera après ces élections !Vous imaginez bien que cela a des conséquences. Si vous vous occupez de routes sans savoir si dans un an vous en serez encore chargé, vous n'y prêtez pas la même attention... Et ceci est aussi valable pour les collèges.
Cette insécurité institutionnelle est en train de provoquer des réflexes d'attentisme chez les élus. Et comment mobiliser nos cadres sur ces problématiques quand ils ne savent pas s'ils s'occuperont de ces questions demain matin ?
Je sais que ce n'est pas vous qui pourrez régler ces problèmes mais c'est aussi de cela dont on parle dans notre congrès.
Il y a aussi cette sinistrose ambiante, générale, entretenue en Europe, particulièrement en France. Hier, devant nous, se fissurait le mirage allemand, sur la thématique de l'innovation. Aujourd'hui, dans Les Echos, s'effondre le mirage allemand sur la thématique de la croissance, en panne elle aussi.
Je suis inquiet, je le dis. Un pays qui n'investit pas vieillit. La dépréciation d'actifs ça existe ! Notre comptabilité publique est insuffisante : elle ne tient pas compte du patrimoine créé, alors que c'est le cas dans les entreprises.
Cinq ans sans renouvellement des enduits routiers, ce serait une catastrophe. Certains pays ont essayé, ils sont au premier rang des champions des nids de poule, mais nous pouvons les battre tous puisque nous avons plus de routes que les autres pays d'Europe ! Si nous n'entretenons pas nos ponts, nous serons aussi champions des coupures de routes. On va ainsi vers une situation inquiétante si ce patrimoine, si ces actifs ne sont pas pris en compte de manière plus réaliste.
On oublie, dans ce pays, que 85% des déplacements des marchandises et des personnes se font sur la route. Une simple analyse de la valeur conduirait à consacrer 85% du budget infrastructures aux routes ! Il faut quand même se préoccuper de ce qui fait tourner l'économie, facilité les déplacements, bénéficie à l'agriculture, au tourisme, etc. Revenons enfin aux fondamentaux de ce que font les gens et les entreprises ! Si certains pensent que l'on peut diminuer par deux le budget routier de la nation, alors ils font une erreur historique que la France paiera au prix le plus cher !
Il y a des réponses, il faut avancer, progresser, lever les incertitudes institutionnelles avant les élections départementales de mars 2015 et régionales de décembre 2015. C'est très important pour la mobilisation de chacun. On ne fera pas ces réformes en un an, encore moins en six mois. C'est irréaliste, et même suicidaire ! La loi de décentralisation de 1982 a été déclinée sur plus de 20 ans et 30 textes en découlent. Celle de 2004 sur 10 ans, avec de nouveaux textes publiés encore très récemment. Il faut s'atteler, maintenant que les municipales sont derrière nous, aux 14 000 syndicats qui survivent aux 2500 communautés de communes.
Mais nous devons envoyer un signal sur l'investissement. Je le dis dans cette salle où sont présents de nombreux départements et agglomérations, qui sont les mieux placés pour envoyer ce signal. Nous devons faire des choix. Je pense que les départements et les agglomérations peuvent agir, pas tout seuls mais en actionnant les réserves budgétaires communales.
Je connais un président de conseil général qui, au mois de juin dernier, (je ne sais pas si cela vaut pour d'autres) a lancé un plan de relance du BTP en actionnant trois leviers :
- Premier levier : les commandes de renouvellement d'enduits de la voirie communale, en augmentant de 10% les subventions déjà accordées pour les commandes passées avant le 1er octobre 2015. Grâce à cette mesure, 600 chantiers seront passés en commande avant cette date limite.
- 2ème levier : le remplacement des conduits (amiante, ciment) pour les dossiers déposés avant la fin septembre. La création d'un guichet unique au Conseil général et le versement d'une subvention de 25% du département et de 25% de l'Agence de l'eau a donné lieu à plus de 100 dossiers déposés, soit environ 22 millions d'euros de travaux pour un département de 240 000 habitants !
- 3ème levier : l'accessibilité des établissements recevant du public aux personnes handicapées. La loi l'impose mais, en doublant l'aide du conseil général et en additionnant celle de l'Etat/DETR à ces travaux, les dossiers arrivent à raison de 4 par jour !
Il ne faut pas tout attendre d'en haut, la solution passe d'abord pas nous. Il faut cesser de tout attendre de l'Etat, nous devons être proactifs. Il faut solliciter le terrain plutôt que le haut de la pyramide, attendre moins de l'Etat et exiger plus de nous-mêmes !
Il faut reprendre ensemble la marche en avant, au service de nos concitoyens dans la responsabilité, au service de l'intérêt général et de l'économie de notre pays, de l'Etat et des collectivités. Nous sommes capables de faire des choses ensemble, nous sommes une communauté d'acteurs, nous avons avec l'IDRRIM un outil de dialogue unique entre l'Etat, les entreprises et les collectivités.
Notre intérêt commun est que la machine reparte et, ensemble, nous pourrons la faire repartir !
Je vous remercie de votre attention."
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